JULIEN AMILLARD

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Le petit prince

 

 

 

L’éléphant suit sa trompe

le long de ses oreilles jusqu’à ses défenses

le parcours de son dos de ses cuisses

massives et finies de trois gros ongles pour fouler de hautes herbes

sans voir ce qui se cache dessous

un serpent une pierre un ancêtre

 

As-tu déjà vu ces reportages animaliers ?

 

Ceux où on les voit migrer pour dieu sait où

un lieu où l’herbe se fait plus rare et l’os

apparaît

alors arrêtent-ils leur troupe

et de trompe à trompe

se passent ce bout d’os

qui devait sûrement appartenir à l’un des leurs

l’un que les eaux ont emporté mais

dans ses creux, ils savent que c’est l’un des leurs

qui a trimballé sa carcasse au moment où il sut

son chemin allait se terminer

posant son pied après sa trompe

marchant marchant

au bout de l’Est

derrière les herbes les serpents et les pierres

jamais ne parvint à son cimetière

 

Ils reprirent leur marche

et tu les aimes

tu aimes les éléphants

et les dauphins

un jour

tu nageras avec eux et suivras les baleines

celles toutes blanches avec une bosse au-dessus de leurs yeux

qui chantent

comme l’éléphant suit sa trompe

le long de ses oreilles jusqu’à ses défenses

un cil pour ses yeux, le dessin est fini

 

 

 

 

 

Les reflets du soleil

 

 

 

Les reflets du soleil

sur l’herbe

les vagues de la mer

ce jour où nous étions

le rosé couché dans le sable

dans l’herbe au gré du vent

des marins embarquèrent

la voilé levée

HO HISSE !!!

 

Nos pieds s’enfonçaient

dans le sable, il n’y a rien

à faire, notre corps suffit

les vagues s’agitent

et enterrent, une coccinelle

gambade d’orteil en orteil

en funambule

torse nu, peau brûlée

par le soleil et la mer

en équilibre sur le mât

à tâtons, il se saisit

de la bouteille à mes lèvres

 

La perruche a fait son nid

Là où nul n’aurait cru qu’une perruche

puisse chanter

 

CROOÂ- Â- PITÂINE !

 

Sur mon épaule, en pirate

sur la plage de la vigne

le rosée vacille

au rythme des vagues

l’herbe ballottée

 

 

 

 

 

 

 

Mocking bird

 

 

 

Un jour

je m’achèterais un oiseau

et  le dresserais pour qu’il vienne à

toi

 

pour qu’il puisse soulever

cette partie de moi

la plus lourde

celle qui ne peut s’empêcher de

t’aimer

le reste ne pense qu’à

bouffer-et-chier

quelque fois

 

Alors je lui attacherais

ce paquet de moi

au bout de ses pattes

et le lancerais

à toi

 

Bien sûr

il y a 90 % de chances

pour qu’arrivé à mi-chemin

sûrement bien avant

il se retrouve les entrailles à l’air

ses muscles et nerfs pendantes à la gueule

d’un gros chat affamé

 

ou bien trouvera-t-il d’appétissantes

miettes de pain

qui le freineront et lui feront oublier

l’amour qu’il devait transporter

 

mais si par chance il parvenait jusqu’à toi

tu recevrais ce petit paquet

attaché au bout de cette petite patte

qui avait si peu de chances

de te rencontrer

 

 

 

 

 

J’ai perdu mon or

 

 

 

Les ombres passent sous la fenêtre

entre la tringle et le rideau

les ombres passent

la lumière s’accompagne

des roues en route pour

dieu sait où

 

la lumière passe

le rideau s’éclaircit

disparaît

au soleil du jeudi

couvert de neige

sous ma couette

ne t’en fais pas

blottis l’un contre l’autre

les ombres restent

 

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